/ 435
42. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Ces Ministres formés de la main de son père, étoient morts ou vieillis, & les baladins qui l’environnoient n’étoient point faits pour les remplacer ; c’étoit un parti nécessaire que celui de la retraite pour conserver sa gloire. […] Voltaire la canonise, & cependant convient de toutes ses foiblesses ; c’est élever l’autel d’une main, & le renverser de l’autre. […] Charles assis sur une chaise basse à côté, & loin du trône comme le moindre des sujets, proteste qu’il n’en veut point, elle descend, & va le prendre par la main, pour le forcer d’y monter. […] pour écarter tout soupçon de changement, elle affecta plus de dévotion pour les exercices Luthériens, & communia plusieurs fois de la main des Ministres, & à leur manière, peu de jours avant son départ. […] Voltaire & ceux qui en font une Savante du premier ordre, ont oublié de remarquer que sa grande érudition étoit de savoir toutes les intrigues & les galanteries de la Cour ; les noms & les aventures des amans & des maîtresses, de les en railler à tout propos, d’apprécier, de comparer la beauté des femmes, la bonne mine des hommes ; elle ne paroissoit occupée d’autre chose, elle faisoit des minauderies continuelles auprès d’Anne d’Autriche qu’on disoit avoir la main belle pour lui faire ôter ses gans, toucher, louer, admirer ses mains, à crier au miracle.

/ 435