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41. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Les Actrices du dix-huitieme siecle sont les dignes héritieres de celles du quatrieme ; Paris vaut bien Constantinople : les sentimens, les œuvres se transmettent de main en main. […] L’Eglise qui condamne l’immodestie, la vertu qui la redoute, le sage gouvernement qui la proscrit, la conscience timorée qui en a horreur, l’éducation honnête qui en éloigne, n’ont jamais eu en vue que la licence des femmes qui découvre autre chose que le visage & les mains, & devient de plus en plus répréhensible à mesure qu’elle dévoile davantage. […] Versez des larmes sur les lauriers impurs, cueillis par la main du désordre. […] Rompez courageusement la chaîne qui vous rend esclave : vous ne serez pas moins coupable envers la postérité de lui transmettre ce funeste héritage, que l’ont été vos ancêtres de l’avoir fait passer dans vos mains. […] Mais aussi sa défaite fait sa victoire, elle est couronnée de la main du vainqueur, & son vainqueur est son esclave.

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