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316. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE V. Des Comédiens. » pp. 156-210

Il ne s’agit plus que de déposer dans des mains capables une autorité suffisante pour les faire exécuter et respecter ; et mes gens sont tout trouvés. […] Les Seigneurs chargés de la Direction des spectacles dans les différentes Cours de l’Allemagne ayant mon registre dans les mains ne seraient plus exposés à se laisser prévenir par de mauvais sujets qui les obsèdent, les conseillent souvent au préjudice de leurs Confrères : on tire ceux-ci de leur emploi, on les prive de rôles qui leur feraient honneur : on les dégoûte, et l’on regarde comme humeur et mauvaise volonté le chagrin qu’ils laissent paraître à cause de la mortification qu’on leur a donnée. […] Cette loi, j’en conviens, est terrible ; elle est même injuste en un sens, puisqu’elle semble lier les mains de l’agresseur vis-à-vis de l’offensé : mais c’est dans cette injustice même que consisterait son efficacité ; c’est un remède violent, mais que la nature du mal obligerait d’employer. […] Ces valets filous si subtils de la langue et de la main sur la Scène, dans les besoins d’un métier plus dispendieux que lucratif, n’auront-ils jamais de distractions utiles ?

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