La douleur sensible que cet Écrit m’avait causée, jointe au bruit répandu de toutes parts que c’était l’Ouvrage d’une personne distinguée par sa qualité et par son mérite, me portait à commencer cette Réponse par me plaindre à lui-même de l’injustice d’un procédé que je croyais être le sien ; lorsque par un bonheur que je n’osais espérer, j’ai vu une Lettre Originale Française et Latine, adressée à Monseigneur l’Archevêque de Paris, et signée de la main même de celui contre lequel j’allais mettre la main à la plume. […] Chacun sait que l’Idole de Moloch était un Monstre d’airain creux au-dedans, qui avait les mains tellement disposées, qu’on y mettait des petits enfants qui y brulaient quand ce métal devenait enflammé par une fournaise souterraine. […] je ne veux ni des Holocaustes, ni de la graisse, ni du sang de vos Agneaux ; je déteste votre encens et vos Assemblées : Quand vous étenderez vos mains vers moi, je détournerai mes yeux ; et quand vous redoublerez vos prières, je ne vous écouterai point ; parce que vos mains sont pleines de sang. […] Ce Dieu de Théâtre paraît enfin au milieu des airs dans une illumination prodigieuse, assis sur des trophées d’Armes, qui imposant de la main silence à toute la symphonie, fait connaître qu’il approuve le Héros de la Pièce, et qu’il se rend favorable à ses désirs. […] C’est ce que voulait dire Sénèque, lorsqu’il écrivait, « La servitude ne descend pas dans tout l’homme, pour enchaîner toutes les parties qui le composent ; César peut mettre mes mains et mes pieds dans les liens, mais il ne peut donner de fers à mon esprit ni à mon cœur. » Jamais en effet on n’a vu d’échafaud dressés pour les orgueilleux, ni pour les envieux, ni pour les avares.