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47. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

C’était sans doute pour entretenir une terreur si salutaire, que non seulement les Poètes Satyriques furent d’abord tolérés, mais gagés par les Magistrats, comme censeurs de la République. […] Les Magistrats s’aperçurent, mais trop tard, que dans la Comédie appelée moyenne, les Poètes n’avaient fait qu’éluder la loi qui défendait de nommer : ils en portèrent une seconde, qui bannissant du Théâtre toute imitation personnelle, borna la Comédie à la peinture générale des mœurs. […] Les révolutions que la Comédie a éprouvées dans ses premiers âges, & les différences qu’on y observe encore aujourd’hui, prennent leur source dans le génie des Peuples & dans la forme des Gouvernemens : l’administration des affaires publiques, & par conséquent la conduite des Chefs, étant l’objet principal de l’envie, & de la censure dans un Etat démocratique, le Peuple d’Athènes, toujours inquiet & mécontent, devait se plaire à voir exposer sur la Scène, non-seulement les vices des Particuliers, mais l’intérieur du Gouvernement ; les prévarications des Magistrats, les fautes des Généraux, & sa propre facilité à se laisser corrompre & séduire.

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