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78. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

Selon les divers mystères qu'on célèbre, on y en étale les images, on y en répand les estampes, faites de la main des meilleurs maîtres, où tout est exposé sans voile. […] Andromaque, Iphigénie, Bérénice, ne firent jamais un bon mari, un bon père, un bon maître ; trop heureux, s'ils ne le rendent infidèle, dur, intraitable, prodigue, et ne font détester leurs héroïques transports ! […] On se croit maître de contenir les passions quand elles sont enflammées, on croit pouvoir en goûter le plaisir sans crime, et le faire naître sans conséquence. […]  » Fût-on maître d'arrêter un ressort débandé, de ramener un cheval échappé, de fermer la gueule à un tigre altéré, qui peut répondre de l'ascendant que prendront à l'avenir, et le plaisir qui enivre, et l'habitude qui se forme, et la faiblesse qui s'augmente ? […] du moins ces maîtres du théâtre ne le détruiront pas.

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