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61. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE III. Est-il à propos que les jeunes gens aillent à la Comédie ? » pp. 55-83

Elle ne manquera pas de le fréquenter dans la suite et d'en trouver l'apologie dans la conduite de ses maîtres. […] Lorsque les jeunes Etudiants avaient fini leur cours d'étude et devaient passer au rang des maîtres, ce que nous appelons passer Docteur, on les menait en cérémonie au bain, où se trouvaient, d'un côté les maîtres pour les prendre et les agréger à leur corps, et de l'autre leurs condisciples, qui faisaient semblant de s'y opposer, comme ne voulant pas perdre un camarade qui leur faisait honneur ; ce qui formait une espèce de combat qu'ils appelaient eglistræ, où les maîtres devenaient enfin vainqueurs, emmenaient le candidat, le couvraient de riches habits, le promenaient en triomphe dans la ville, et le faisaient monter sur le théâtre public pendant la représentation, pour recevoir les éloges et les applaudissements des spectateurs. […] Ces jeux insensés d'une jeunesse pétulante n'auraient pas apparemment été l'objet de l'animadversion de la police, encore moins d'un concile écuménique ; mais malheureusement les Etudiants en droit voulurent imiter les autres, et faire leurs fêtes aussi, pour célébrer leur doctorat, et les maîtres ou professeurs se prêtèrent à ces extravagances. […] Ce fut là un bon titre pour agir en maîtres ; ils s'avisèrent de demander certaines pièces que les Comédiens ne purent ou ne voulurent pas leur donner. […] Je doute que nos Communautés religieuses voulussent employer de pareils maîtres.

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