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60. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE IV. Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais. » pp. 240-301

L’innocence doit souvent son salut à la crainte et à la honte attachée au crime : si vous rompez ce double frein, et que l’intérêt propre se trouve joint à la liberté de commettre le mal tête levée ; que peut-on attendre de là, sinon que le plaisir devienne le maître absolu, et que tout cède à la cupidité ? […] ni son Maître ne sont point corrigés pour leurs fautes. […] En effet, Face ne conseille point à Cherche-esprit son Maître de suborner la veuve ; et il n’est pas clair non plus que les choses en soient venues là. […] Ainsi Ben Jonson a-t-il soin de prévenir les mauvais effets de sa Pièce : il fait faire au Maître et au valet une espèce d’amende honorable de leurs fautes ; il les déclare malfaiteurs, et sollicite leur pardon avant que de les renvoyer. […] C’est ainsi que ces Maîtres de l’art qualifient le plaisir de la poésie et qu’ils le resserrent dans des bornes qu’un Poète ne doit jamais franchir.

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