/ 288
29. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76

Mais ce qui est plus déplorable, c’est que les Poètes sont maîtres des passions qu’ils traitent, mais ils ne le sont pas de celles qu’ils ont ainsi émues ; ils sont assurés de faire finir celles de leur Héros, et de leur Héroïne avec le cinquième acte, et que les Comédiens ne diront que ce qui est dans leur rôle, parce qu’il n’y a que leur mémoire qui s’en mêle. […] Ils disent qu’il est vrai que la Comédie est une représentation des vertus et des vices, parce qu’il est de la fidélité des portraits de représenter leurs modèles tels qu’ils sont, et que les actions des hommes étant mêlées de bien et de mal, il est par conséquent du devoir du Poème Dramatique de les représenter en cette manière : mais que bien loin qu’il fasse de mauvais effets, il en a de tout contraires, puisque le vice y est repris, et que la vertu y est louée, et souvent même récompensée. […] Mais il se plaint à la fin de cet Ouvrage par ces paroles : « Il est certain que depuis quelques années notre Théâtre se laisse retomber dans sa vieille corruption, et que les Farces impudentes, et les Comédies libertines, où l’on mêle bien des choses contraires aux sentiments de la piété et aux bonnes mœurs, ranimeront bientôt la Justice de nos Rois.  […] Enfin il conclut que les Chrétiens blâmaient la grande dépense de ces Spectacles, l’oisiveté qu’ils fomentaient, le rencontre des hommes et des femmes qui s’y trouvaient mêlés et disposés à se regarder avec trop de liberté et de curiosité.

/ 288