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280. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

Elle était donc de bien mauvaise foi, lorsque, pour arrêter les progrès de la véritable morale, elle semait partout les soupçons et la défiance contre les ministres les plus dignes de vénération, et mêlait astucieusement ses cris d’alarmes à leurs premiers chants de victoire. […] En vain la nature épuisée par de longues veilles et de pénibles travaux, l’invite à consacrer à un repos salutaire ces longs jours où l’absence de Thémis écarte de la majesté de ses autels ses plus zélés adorateurs : il sait encore les mettre à profit, ces jours de paix et de tranquillité ; et quand les autres, à l’ombre de nos bois solitaires, goûtent un doux loisir, ou mêlent à leurs amusements l’image même des combats, lui seul au pied d’un chêne antique, ou sur les bords d’un ruisseau qui vainement borne et divise des possessions contestées, lui seul trouve encore le secret d’être utile à l’état : du fond de son temple interdit aux autres mortels, il évoque la déesse elle-même, et la force à rompre un trop long silence, en perpétuant ses oracles divins ; c’est ainsi qu’après avoir été dans nos cités orgueilleuses, l’intrépide défenseur de ses concitoyens, il devient le paisible arbitre et l’heureux conciliateur du pauvre habitant des campagnes.

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