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24. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE V. Des Pièces tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 96-119

Ces Pièces méritent une attention particulière, ce livre divin est digne de tout notre respect. […] Je n’examine pas sa doctrine, condamnée par le Saint Siege et par plusieurs Evêques, je ne parle que de son style, dont l’élégance a plutôt excité l’envie, que mérité la censure. […] Dieu ne se communique qu’aux âmes simples qui l’adorent en esprit et en vérité, l’homme animal n’y saurait rien comprendre : « Animalis homo non percipit ea quæ Dei sunt. » Les spectateurs méritent-ils mieux de voir ouvrir les sceaux de ce livre adorable ? […] L’enflure de Corneille ne sauve pas le ridicule de ce mélange, Racine, plus sage, n’a eu garde, quoique plus tendre, de donner de la galanterie à ses deux pièces, et de mériter la juste censure de Boileau contre le Romancier « Qui peint Caton galant et Brutus dameret. » M. […] Ces deux suffisent pour faire sentir le mérite théologique de ce visionnaire, à qui la place qu’il donne aux Jansénistes et aux Molinistes conviendrait aussi bien que son exclusion de l’Académie française, ne fût-ce que pour cet ouvrage qui par l’assemblage du solide et du chimérique, ne mérita pas moins que les autres le titre de rêves d’un homme de bien, que lui donnait le Cardinal du Bois.

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