A BAILLARD, homme d’un mérite médiocre, à en juger par ses Ouvrages, dont personne ne fait cas ; mais vain & présomptueux, fit du bruit dans le dernier siécle. […] On les a mis au jour ; on en a fait des Romans, on a traduit ses lettres, & dès lors on lui a donné le plus grand mérite, il est devenu le prodige de son siécle, le Philosophe, le Théologien par excellence ; il a eu trois mille écoliers qui logeoient sous des tentes, au tour de son hermitage. […] Il ne seroit jamais sorti de l’obscurité où il étoit depuis sa mort, si le plaisir de faire un roman licencieux, & de décrier le Clergé, sous le nom d’un homme célebre, ne l’avoit scandaleusement ressuscité, pour en faire l’aliment du vice ; ainsi que son Héloïse, encore plus inconnue, que le même dessein a peint des plus belles couleurs, pour donner de la vogue à ses infamies ; qu’on juge de son mérite par l’idée qu’elle donne d’elle même dans ses lettres. […] On a voulu donner un air d’importance à cet événement méprisable, pour avoir occasion d’exposer les tableaux les plus obscenes, d’autoriser le vice, de décrier la vertu, de décréditer le Clergé, par l’exemple des gens à qui on ne donne du mérite que pour relever l’Apologie des passions, & en illustrer la licence. […] De tems en tems, sur-tout la veille des ordinations, on examinoit rigoureusement tout le monde sur l’Heautontimorumenos, c’est ce qui décidoit du mérite de l’aspirant, du suffrage du Grand-Vicaire, de la faveur de l’Evêque & de l’ordination.