Pour expliquer toutes ces mervilles on a donné au public l’admirable Traité de la Chymie du goût & dé l’odorat par un Marchand de liqueurs & de parfums, qui par ses idées burlesques essaye de donner du débit à sa marchandise ; le reste de son livre a son utilité, c’est un recueil des espèces différentes de liqueurs & des parfums, de leurs bons ou mauvais effets, de leur composition, recette, manipulation, distillation, &c. ce qui se trouve dispersé dans quantité d’autres ouvrages, & qu’il a réuni dans celui-ci, y ajoutant ses propres découvertes ; ce livre peut aider ceux qui composent les Traités des Arts & des métiers que donne l’Académie des Sciences. […] Il y a des gens qui aiment si fort les odeurs, qu’ils font parfumer jusqu’à leurs livres ; une bibliothèque odorante fera peu de savans, elle sent moins le savant que la femme. […] C’est un des articles de l’Art des Relieurs donné par l’Académie Françoise en 1772, que la manière de parfumer les livres, soit en les reliant, soit après qu’ils sont reliés ; ils prennent aisément l’odeur comme le linge, puisque le papier n’est que du linge battu, ils gardent l’odeur fort long-temps. J’ai vu des livres reliés depuis cinquante ans, qui en les ouvrant donnoient une odeur de musc ; c’est celle qui se prend le plus vîte & se conserve le mieux, plus les livres sont battus, plus l’odeur s’imbibe, pour ainsi dire & se maintient ; il n’y a d’autre façon que de les renfermer en feuille avant de les coudre, dans un armoire où il y ait des odeurs : ils la prennent moins quand ils sont reliés ; cet usage est assez rare. […] 3.° Tel est encore le portrait des libertins dans le livre de la Sagesse, leur premier, leur plus grand plaisir qui assaisonne tous les autres ; c’est la volupté des odeurs.