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376. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De certaines processions ou cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, et qui sont ou ont été beaucoup plus nuisibles au culte et a la morale publique que les comédies représentées sur nos théâtres.  » pp. 201-340

Le jeu du chat, qui est proprement dit, le jeu du veau d’or ; c’est une mascarade tout à fait profane, composée de plusieurs individus qui représentent des Juifs et en particulier Moïse, tenant le livre de la loi avec le grand-prêtre des Israélites, revêtu du pectoral et de la tiare ; un autre Juif porte le veau d’or, et un camarade fait sauter en l’air, aussi haut qu’il lui est possible, un malheureux chat, qui est tourmenté de la manière la plus impitoyable ; tous ces prétendus Juifs font des contorsions épouvantables et sont couverts d’une têtière, qui est un masque, qui enveloppe généralement toute la tête. […] On choisit pour ces rôles, ajoute l’historien, la fine fleur des petits polissons de la ville ; le patriarche Moïse, avec le livre de la loi, se trouve encore introduit dans cette mascarade. […] … Mais continuons : Moïse le plus grand, le plus respectable de nos patriarches, le législateur des Israélites, le prophète qui nous a transmis les livres de la loi, l’Ancien Testament, Moïse que nous caractérisons dans notre propre religion par le titre de serviteur du Seigneur, Moïse qui est rangé au nombre de nos propres saints, dont le culte est marqué sur la montagne de Nébo, et dont l’Eglise romaine fait la mémoire, le jour même de la transfiguration de N.S. […] Ce prince ordonna qu’on fît tous les ans à l’honneur de Marie, une procession générale autour des murailles de la ville, à pareils jour et heure qu’il avait attaqué et emporté la Bastille ; il autorisa les maires et échevins de passer dans le compte de chaque année la somme de deux cents livres : il fit aussi présent à l’église de Saint-Jacques d’une statue en argent d’une grandeur naturelle. […] Après ces proses, le célébrant lisait les tables, et entonnait vêpres ; il chantait le Deus in adjutorium, et le chœur le terminait par un alleluia coupé de la manière suivante : « Alle — resonent omnes ecclesiæ, Cum dulci melo symphoniæ,  Filium Mariæ,  Genitricis piæ,  Ut nos septiformis graciæ  Repleat donis et gloriæ,  Unde Deo dicamus — luia. » « Alle — que toutes les églises chantent au son d’une douce symphonie, le fils de Marie, mère pieuse, afin qu’il nous remplisse des dons de la grâce septiforme et de la gloire, et que nous puissions dire à Dieu — luia. » Il y a des livres où on lit une prose dans laquelle le mot alleluia est, à certaines solennités, coupé par quatre mots de la manière suivante : alle — cœleste nec non et perenne — luia ; mais ici le mot alleluia est coupé par vingt-deux mots ; ce qui est bien plus bizarre, et par conséquent bien plus convenable à un office de la messe des fous.

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