Voltaire soutient que Boileau n’avoit pas lu le Tasse qu’il ne pouvoit entendre : c’est, dit-il, ce que m’a assuré M. […] Quand je lis ces Vers dans la traduction Italienne, très-exacte, Digli, per quali imprese Porto la fama i loro nomi al cielo, E narragli più tosto Le loro gesta, che la loro sorte. A lui parla ogni giorno Del vador di suo padre, & qualche volta Della tua bocca esca il mio nome ancora, ou quand je les lis dans le traducteur Anglois, Make him acquainted with his Ancestors, Trace out their Shining story in his Thoughts ; Dwell on the exploits of his immortal Father, And Sometimes let him hear his mother’s name : parce que les Muses ne m’ont pas donné des oreilles pour le Vers Sciolto, ni pour le Vers Blank, j’entens les mêmes choses, & je ne les entens plus avec le même plaisir : au lieu qu’après avoir lû ces quatre Vers de Phedre, J’ai pris, j’ai fait couler dans mes brûlantes veines Un poison que Médée apporta dans Athenes. […] Nous lisons même les Vers qui sont sans passion, tout autrement que ne le croient les Etrangers, Oui, je viens † dans son Temple adorer l’Eternel † Je viens † selon l’usage antique & solemnel † Célébrer avec vous † la fameuse journée Où sur le mont Sina la Loi nous fut donnée † Que les tems sont changés ! […] Après avoir passé beaucoup de tems de ma vie à lire des Poëtes, tems employé souvent avec ennui, tems quelquefois agréablement perdu, mais toujours perdu ; j’ai conservé une telle affection pour deux Poëtes, que je ne puis les relire, sans y trouver quelques beautés nouvelles.