/ 364
48. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

J’ai une obligation sincère à l’Auteur Périodique de l’exhortation qu’il fait à son correspondant de lire mon ouvrage ; mais n’ai-je pas lieu d’avoir quelque chagrin de me voir à côté d’un si mauvais voisin ? […] On peut dire dans le même sens à tous les Chrétiens : lisez l’histoire profane pour occuper vos loisirs, lisez des traités de Morale, des Pièces de poésie dictées par le goût, la raison et la vertu, vous ferez bien ; si vous ne lisez que les Saintes Ecritures, vous ferez encore mieux. Lisez L’Ode de Rousseau à la Fortune, ou plutôt aux Conquérants, vous ferez bien ; ne lisez que ses Odes sacrées, vous ferez encore mieux. […] Le jeune Auteur lut sa pièce en tremblant, rien n’est plus naturel devant un pareil Juge, mais quelle dut être sa satisfaction, lorsqu’il entendit Mr. de Crébillon prononcer ces paroles ? […] Ces deux qualités se touchent de si près qu’un Docteur de l’Eglise s’écriait que toutefois qu’il lisait la vie de Socrates, il était prêt à s’écrier : O saint Socrate !

/ 364