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26. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-7

Le bas peuple les imita dans la campagne (ces déguisemens hideux sont faciles à imiter), & firent des fêtes, d’abord religieuses pour faire craindre l’enfer, mais qui dégénérerent en licence & toutes sortes de débauches. […] Le théatre n’a point fait les dieux, il est vrai ; mais il les a célébrés ; il étoit une partie de leur culte ; il a enseigné, il a représenté leurs actions ou plutôt leurs crimes ; il a été comme la chaire où on a prêché leur doctrine ; il leur a donné des habits, & comme fait leur toilette ; il a formé leur cortége & leur pompe, & prononcé leurs oracles ; il a donné des pampres & le thyrse à Sylene & Bacchus, sur les treteaux de Thespis, qui couroit les champs couvert de pampres & barbouillé de lie ; il a donné la licence à Venus, à l’Amour, la nudité aux Graces, la fraicheur à Hébé, des plumes de paon à Junon ; sa décoration est devenue celle des temples, & la parure des actrices leur plus bel ornement.

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