/ 259
15. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

Jérôme, la proie de la licence publique (victimæ libidinum publicarum) ; peu sensibles de voir des êtres usés par le vice en représenter les moyens et les effets, ils ont été ravis de voir employés à cette représentation les enfans de leurs concitoyens. […] O paganisme, vous qui avez déifié le vice, qui avez introduit la licence des mœurs parmi vos dieux même, qui méliez le récit des plus dégoûtantes abominations aux éloges de vos héros ! […] Mais si dans votre empire il y avoit un divertissement quelconque qui dégénérât en licence, qui, au lieu de soulager, de fortifier les hommes dans leurs travaux, envoyât dans le cœur, dans la fortune des citoyens des malheurs multipliés, propres par leur concours et leur fatale combinaison à produire un jour la ruine générale de l’Etat, à le donner en spectacle de commisération aux nations voisines, à le présenter comme une proie assurée à l’invasion des peuples barbares ; une récréation de ce genre ne pourroit être considérée que comme une calamité publique. […] Ce qui ne peut sans inconvénient s’anéantir par un coup d’éclat, succombe sans bruit à des atteintes multipliées… Dissimulant, par une humiliante nécessité, cette source de licence dans les grandes villes, empêchez qu’elle ne pénètre dans les petites où l’innocence et la gaieté, sa compagne fidèle, assurent aux habitans des amusemens sages et salubres…. […] Sans rien répéter de ce que j’ai dit sur cette matière, je me contenterai d’observer, que pour une bonne tragédie qu’on represente, il y a cent comédies qui ne valent pas mieux que celles d’Aristophane ; cent petites farces d’une licence digne de la sévérité de la police.

/ 259