L’innocence doit souvent son salut à la crainte et à la honte attachée au crime : si vous rompez ce double frein, et que l’intérêt propre se trouve joint à la liberté de commettre le mal tête levée ; que peut-on attendre de là, sinon que le plaisir devienne le maître absolu, et que tout cède à la cupidité ? […] Mais je réponds en premier lieu, que la Religion de ces Poètes leur laissait une grande liberté sur bien des choses que la nôtre nous interdit absolument. […] Cet habile Rhéteur n’exclut pas seulement toute saleté grossière du genre railleur, il en retranche même sans exception toute mauvaise équivoque : il veut « de l’honnêteté dans la pensée aussi bien que dans les mots qui l’expriment : il veut qu’un homme de probité conserve je ne sais quelle pudeur jusques dans les petites libertés qui lui échappent, et qu’il parle toujours avec retenue et conformément à son caractère : il ajoute que le ris coûte trop cher si on l’achète aux dépens de la vertu : » Instit. […] Cependant ces libertés paraîtraient fort étranges dans le commerce ordinaire de la vie ; lorsque surtout les personnes qu’elles offensent n’y donnent point occasion. […] et est-il dit qu’ils seront désormais sur le même pied de liberté que les esclaves pendant les Fêtes de Saturne ?