Un persiffleur est le plus souvent un mauvais plaisant, soit parce que tout n’est pas ridicule, tout ne donne pas prise, soit parce qu’il est beaucoup de mauvaises plaisanteries ; qu’il en est même peu de bonnes, même sur des sujets vraiment ridicules, soit parce que l’homme le plus railleur n’est pas assez fécond pour en trouver toujours de bonnes, à qui malgré ce dangereux talent, l’art de la plaisanterie est très difficile ; il y a pourtant des caractères tournés de ce mauvais côté, avec une liberté & une aisance qui leur est propre : cet esprit mauvais déplaît dans la société, & ne merite aucune confiance. […] Caton le censeur, chassa Manlius du Sénat parce qu’en présence de sa fille, il avoit pris des libertés avec sa femme. […] L’amour des femmes est le goût dominant, & il n’y est pas épargné, ce crime est irremissible : qu’on ne soit pas, dit-il, la dupe des apparences ; aujourd’hui les vices & les vertus se cachent, on voile des propos honnêtes, des sentimens qui le sont le moins, la liberté de la société est portée au plus haut degré. […] Le Christianisme leur donne la même liberté qu’aux hommes, les traite aussi favorablement, quelquefois même passe les bornes de l’égalité, par des privileges qui leur sont propres. […] Jeu & luxe, mouches & fard, coëffures bizarres, nudités de gorge, Bal, comédie, opéra, sujets usés de la morale des Prédicateurs, on vous traite sort inutilement dans la Chaire : Les femmes ne vous écoutent plus ; mais si les Ministres se taisent, s’ils sont forcés de se taire, la Providence a permis que la liberté Satirique du théatre, y supplée.