/ 311
66. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

N’a-t-on pas fait dire au prince de Condé, que les pièces de Corneille étaient pour lui des leçons de politique ? […] A moins que vous ne preniez pour d’utiles instructions les savantes leçons que donnent au bourgeois gentilhomme, son musicien, son maître de grammaire, ou de philosophie. […] Il faudra donc que ce laborieux mortel qui, à travers tant de landes, de buissons, de bourbiers, enfin après mille fatigues sera parvenu à une petite collection de richesses théâtrales, interdise les spectacles : on y retrouverait tout ce qu’il aurait proscrit, et tel que le jeune homme de Térence, Qui court chez sa maîtresse, oublier ses leçons. […] Milton les sème à chaque pas dans son Paradis perdu, et il faut avouer que pour la force et la variété de ces expressions diaboliques, l’Anglais ferait la leçon au Français. […] Il a mal connu l’esprit et les devoirs de son état et il a dû aller bien secrètement à l’école, et en déguiser bien adroitement les leçons, s’il a fait quelque cas de sa réputation ; la seule idée que ses talents étaient l’ouvrage des comédiens l’eût décrédité sans retour.

/ 311