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56. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Faste. » pp. 154-183

La pompe de ses décorations de ses habits, de son langage annoncent sa gloire, & exercent sa puissance ; les vices, les passions & leurs objets dans le point de vue le plus imposant, étendent son empire : quel contraste entre les deux Religions ! […] Langage insensé ! […] Telle est la conduite, tel est le langage du théatre d’après lequel agit & pense ce qui se dit le beau monde, il faut soutenir la dignité des Princes ; en effet la belle Princesse, les les beaux représentans ! […] L’esprit, si l’on peut le dire, a sa parure, son miroir, sa toilette aussi-bien que le corps ; le démon tend les mêmes piéges, & tient encore le même langage à une femme éprise de sa beauté, vous êtes belle, mais vous le serez bien davantage, si vous embellissez vos charmes ; Dieu pouvoit vous mieux partager, une espèce de jalousie l’a rendu réservé dans leur distribution ; si vous y suppléez par les couleurs & les ornemens de l’art, vous lui ressemblerez, vous n’en serez que plus parfaitement son image, on vous adorera comme une Divinité, les amans tomberont à vos genoux ; on voudroit vous faire un crime de ce fard & de cette parure empruntée, c’est le fruit de la science du bien & du mal qu’on vous interdit : ne craignez rien vous n’en mourrez pas, ce fruit sera votre bonheur, faites-en goûter à l’homme, vous serez heureux, eritis sicut Dii . Cette pensée n’est pas étrangère à la coquetterie, le langage ordinaire du théatre, des romans, des Poëtes, des conversations galantes, en est le dévéloppement.

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