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32. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VII. Du Père Porée. » pp. 149-177

Au lieu de s’élever comme l’aigle au-dessus des nues, il voltigea comme l’oiseau de Cypris au-tour des myrthes & des roses ; il fit retentir le langage de l’amour, blessa les cœurs de ses traits, & par une route différente parvint à partager le trône avec son rival. […] Au contraire on leur apprend à la faire naître, à l’entretenir, à la tendre plus vive ; on leur apprend les mystères de l’amour, le langage des yeux, l’expression du geste, le hasard des rendez-vous, les fuites attrayantes, le sel des refus, l’intelligence des équivoques, le commerce des présens, l’art d’écrite des lettres, d’irriter les désirs, d’entretenir les espérances, de tromper les surveillans, de trouver des prétextes pour cacher & montrer un amour impatient de se faire connoître, & qui craint d’être connu. […] Point de culte plus parfait, c’est une vraie idolâtrie ; victimes, offrandes, parfums, fêtes, prieres, hommages, rien ne leur est refusé, jusqu’au langage de la religion qu’on a la foiblesse sacrilège de leur adresser. […] Revient-on du théatre avec une conscience plus délicate, des idées plus pures, un langage, des manieres plus chrétiennes, plus de goût pour la dévotion ? […] Ignace tient le même langage.

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