/ 576
371. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

Et que savons-nous si les Anciens ne désapprouvaient point eux-mêmes ces choses, qui ne se mettaient peut-être que pour plaire au peuple ignorant ; quand je lis les Tragédies d’Euripide, ou de Sophocle, et que je vois d’un côté des spectacles si peu naturels et des descriptions si basses, et de l’autre, des sentiments si héroïques, des passions si tendres, et des pensées si nobles, j’ai de la peine à comprendre comment un même Auteur aurait pu produire des choses d’un caractère si différent, s’il n’avait été obligé de mettre quelque chose sur le Théâtre en faveur du peuple, qui ne laissait pas que d’avoir de l’autorité dans une République. […] Je ne laisse pas que de dire, que les Grecs valent infiniment mieux que nous ; car c’est ainsi que parlent les gens d’esprit, et je suis trop de vos amis pour parler autrement. […] Ne nous laissons point gouverner par une imagination déréglée, mais avouons de bonne foi que pour les noms et pour les choses l’histoire profane n’a nul avantage sur l’histoire Chrétienne. […] Vous me faites faire une réflexion que je ne veux pas laisser échapper, c’est qu’il est difficile qu’une Pièce de Théâtre réussisse, quand tout ce qu’elle représente est inconnu. […] Je n’ai fait que proposer mes pensées ; et je me sais bon gré de ce qu’elles sont conformes à celles des habiles gens qui ont écrit sur la Poétique depuis quelques années, c’est-à-dire depuis qu’on est devenu assez raisonnable pour ne se pas laisser entraîner à l’opinion publique as.

/ 576