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32. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IX. Sentiments de Saint Augustin sur les Spectacles. » pp. 180-198

Si son jeu laisse le spectateur tranquille, on l’abandonne, on le méprise. […] Mais ce grand homme ne voulait pas qu’on ruinât Carthage, pour laisser un exercice à la valeur, et fermer l’entrée à l’ambition, à l’avarice, à la corruption des mœurs, que le repos et l’abondance font naître. […] Ecoutez, si l’ivresse de l’erreur vous laisse encore quelque lueur de bon sens : les Dieux ordonnent le théâtre pour vous préserver des maux du corps, et leur Pontife l’abolit pour préserver vos âmes de la corruption du vice. […] En permettant de diffamer les Dieux par la représentation de leurs crimes, ils laissaient la liberté de diffamer les hommes : les hommes méritent-ils plus de respect que les Dieux ? […] Mais qu’importe au démon qu’on lui impute des forfaits, pourvu que ces idées et ces exemples, vrais ou faux, comme autant de filets où les hommes se laissent prendre, les entraînent dans la damnation ?

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