Voilà qui justifie tous les traits de sa vie, que, contre la foi de toutes les histoires, ses derniers panégyristes voudroient révoquer en doute que ce n’étoit pas un Fabuliste, un homme qui composoit des fables, mais un Fablier, un arbre qui porte des sables, comme un Pommier des pommes, un bon homme qui ne sait rien, & ne connoit même pas son fils ; un automate, une bête que le bon Dieu n’auroit pas le cœur de damner . […] Il est inconcevable que cet ingénieux Ecrivain dont les poésies sont si agréables, si riches, si variées, qui, par son honnêteté, autant que par son talent, honore depuis tant d’années notre Parnasse ; bon citoyen, ami de ses rivaux, du caractere le plus doux, ennemi de toute intrigue, détestant les cabales, évitant avec le même soin & l’adulation & la satyre, ait à se plaindre de son siecle, Nous ne connoissons point sa personne, nous n’examinons point son mérite poétique, mais ce que nous venons de rapporter, pris de ses œuvres sur la religion & les mœurs justifie le mécontentement de son siecle, & fait voir le fond qu’on peut faire sur les éloges des Journaux. […] L’impudence du libertinage va jusqu’à vouloir justifier ces infâmies, & à les justifier si maladroitement, que l’apologie même les condamne.