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243. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

n’empêche pas qu’une chose ne soit permise dans certaines conjonctures, qui ne le serait point en d’autres : La maladie de Louis XI. qui lui fit garder la chambre si longtemps, et qui lui donna tant d’ennuis, était une suffisante excuse pour justifier le divertissement qu’il prenait dans son cabinet à la chasse des chats et des souris, hors du besoin qu’il avait de charmer ses douleurs ; cette petite comédie était plus propre d’un enfant que d’un Roi, qui avait fait trembler l’Europe sous la prudence de ses résolutions ; mais les incidents d’une si fâcheuse langueur, qui ne le quitta point qu’avec la vie, accuseraient de dureté tous ceux qui l’en voudraient blâmer. […] Les Païens ont permis les danses, il ne manquait plus que cette pièce pour les justifier. […] Qu’on n’apporte point pour les justifier, que le mot de jeu n’est point défendu, car il en est de licites ; que le mot de hasard n’est point un crime ; car il est permis en d’autres occasions de risquer quelque chose et de tenter la fortune, comme on dit : C’est assez que les plus sages têtes du monde ont jugé, que bien que les parties ne fussent pas mauvaises, le tout n’en valait rien. […] Si nous voulons monter jusqu’au principe qui la doit justifier dans tous les esprits qui ont quelque teinture de la raison : Nous trouverons que Dieu créant l’homme pour être le Roi du monde, lui en donna tous les droits ; il l’établit souverain sur toutes les bêtes avec un plein pouvoir d’en disposer, comme il voudrait : Il est vrai que son péché leur a donné occasion de se révolter ; mais leur rébellion ne lui a rien ôté de ce que la nature lui donne : Quelque usage qu’il en fasse, pourvu que ce soit pour une bonne fin, et dans les termes de la prudence, il ne peut faillir : C’est ainsi que l’Ordre y est mis : Ce qui vaut moins, doit être sujet à meilleur que soi.

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