Peut-être a-t-il pensé que le fils d’un Pêcheur, élevé par son courage aux premiers emplois de l’Etat, instruit par le malheur à chérir l’humanité, exercé dans son obscurité aux vertus paisibles, et plus satisfait de mériter une couronne, que de la porter, était un personnage plus digne de charmer un Philosophe, que d’occuper un grand Poète : et pour m’expliquer enfin sur ce sujet, sans ambiguïté, ou Corneille n’osant déplaire aux Grands, a pris le parti de les flatter ; ou il n’a pas jugé que ses contemporains fussent assez avancés pour préférer le beau naturel au gigantesque, et la vérité aux fictions : j’abandonnerai donc cette production imparfaite, et avant de chercher de nouveaux exemples qui confirment mon opinion, je vais prévenir vos objections (autant qu’il sera en moi) et combattre les principes que vous avez quelquefois supposés, plutôt qu’établis. […] Ne supposons rien : jugeons de ce qu’on peut faire, par ce qui est déjà fait. […] [NDA] Je m’étendrai cependant sur plusieurs articles beaucoup plus qu’il ne serait nécessaire, si je n’avais à persuader que des philosophes comme vous, parce que j’écris pour tous ceux qui fréquentent notre théâtre, et que j’ai dû également leur épargner la peine de consulter eux-mêmes les ouvrages que je cite ; et les mettre en état de juger, entre nous, d’après leur propre sentiment. […] « Et vous qui dédaigniez ma naissance inconnue, Comtes, et les premiers, en cet événement, Jugiez en ma faveur si véritablement, Votre dédain fut juste autant que son estime ; C’est la même vertu sous une autre maxime. » 4. […] [NDA] C’est à ceux de mes lecteurs qui vont aux spectacles, à juger si l’Abbé Dubos a eu raison ou tort de dire que le Poète ne les afflige qu’autant qu’ils le veulent, et que leurs émotions ne vont point jusqu’à la douleur.