qui ne perdait point d’occasions de se familiariser, sut bien néanmoins se défaire d’une invitation qui lui fut faite de courir ; car soit qu’il jugeât que cette action était basse pour une tête couronnée, soit qu’il pensât qu'étant petit de corps, il n’aurait pas l’avantage à la course. […] Ses yeux ne jugent point de ses coups, il faut qu’elle s’en rapporte à ses oreilles : et néanmoins quoiqu’elle agisse en aveugle, elle sait si bien presser ou étendre l’air qui n’est que du vent, qu’elle en fait telle figure qu’elle veut ; elle le fait parler haut, elle le fait parler bas, et lui fait dire tout ce qu’elle veut, et de quel ton elle veut. […] Ces Messieurs jugèrent très prudemment, que la jeunesse n’a déjà que trop de chaleurs au-dedans pour l’impureté, sans lui présenter au-dehors de nouvelles flammes pour la brûler, et que quand un pareil ouvrage eût été tolérable sortant de la main d’un Poète profane, il méritait d’être mis au feu venant de celle d’un Evêque. […] C’est montrer qu’on connaît le mal ; mais qu’on manque de courage pour le corriger : Le pis est que ceux-là mêmes qui font les lois les rompent, et n’ont garde d’en venir jusqu’à la punition, parce qu’ils sont les premiers coupables : Mon cher Lecteur à qui c’est assez de connaître le mal pour l’éviter ; jugez-en comme les Sages, et ne faites point comme les fols : il ne se fait point de lois que dans un esprit rassis, et lorsque la raison est la plus pure : C’est pour lors que les hommes sont capables de juger du bien et du mal, mais l’insolence agit dans la passion, et pour montrer que toute sotte qu’elle est, elle connaît son péché, elle choisit la nuit et les ténèbres pour n’en point tant rougir. Au défaut du châtiment des hommes, Dieu prend quelquefois les verges, et en frappe si rudement, que ceux qui ont d’assez bons yeux pour remarquer la conduite de sa Sagesse jugent bien qu’il connaît une malignité dans les masques et dans les momons, que les hommes ne savent pas craindre.