« Il lui donna hautement son approbation, et ne craignit point de faire tort à son jugement, en lui donnant la préférence. » Les beaux esprits du temps le répétèrent partout. […] Boisrobert écrivait régulièrement, Corneille répondait ; il représentait avec de grands compliments, qu’« un si petit objet n’était pas digne de l’Académie, qu’un libelle qui ne méritait pas de réponse ne méritait pas de jugement », qu’une si grande complaisance autoriserait la jalousie, qu’on importunerait tous les jours l’Académie, et que dès qu’il paraîtrait quelque chose sur le théâtre, le moindre Poète se croirait en droit de faire un procès à l’Auteur devant son tribunal. […] « Enfin on obtint de lui une espèce de consentement, qu’il ne donna qu’à la crainte de déplaire au Ministre, et qu’il donna pourtant avec assez de fierté. » Lassé, intimidé, craignant pour sa pension, il laissa échapper ces paroles dans une lettre : L’« Académie peut faire ce qui lui plaira ; puisque Monseigneur est bien aise de voir ce jugement, et que cela doit divertir Son Eminence, je n’ai rien à dire. » Cet acquiescement était bien équivoque et bien faible. […] Les Académiciens, fort embarrassés, représentaient, « que la Compagnie, qui ne faisait que de naître, ne devait pas se rendre odieuse par un jugement qui peut-être déplairait aux deux parties, et ne pouvait manquer d’en désobliger au moins une, et une grande partie de la France ; qu’à peine pouvait-on souffrir sur la simple imagination qu’elle prît quelque empire sur la langue, que serait-ce si elle entreprenait de l’exercer sur un ouvrage qui avait l’approbation publique ?