Peut-être que si les Pères, qui ont fait des déclamations si fortes contre les pièces de Théâtre, eussent trouvé la Comédie, telle que nous la voyons aujourd’hui, peut-être l’eussent-ils tolérée, comme on la permet maintenant ; ou du moins ils en auraient parlé avec plus de modération ; ils n’auraient pas fait des invectives si sanglantes contre le Théâtre, ni défendu sous des peines si sévères, d’y assister : Quelque dépravées que soient nos mœurs, si l’on jouait maintenant les Comédies que l’on représentait du temps des Pères, il n’y aurait personne qui n’en fût scandalisé ; et l’on ne trouverait que des misérables, et des gens de la lie du peuple, qui osassent s’y montrer. […] Plus ces déclamations sont véhémentes, moins ont-elles de force contre la Comédie moderne ; non seulement ce n’est pas un Théâtre, ni une école d’impudicité ; non seulement les Comédiens n’y jouent rien d’infâme, ni avec des postures indécentes : mais même des paroles un peu libres ; des équivoques à qui l’on pourrait donner un mauvais sens, suffiraient pour faire interdire et pour faire siffler la meilleure pièce.