Il n’y a presque point de comédie où quelqu’un ne soit joué, & dont on n’eût pû faire des clefs satyriques ; les Précieuses ridicules sont la satyre de l’hôtel de Rambouillet ; les Femmes savantes, de Cotin, Ménage ; George Dandin, d’un bourgeois de ce nom ; le Tartuffe, de M. de Lamoignon ; le Misanthrope, de M. le Duc de Montauzier ; Pourceaugnac, d’un Limosin de ce nom ; le Philosophe, du Bourgeois Gentilhomme, Rosaut, dont il emprunta le chapeau pour le jouer mieux ; l’In-promptu de Versailles joue les Comédiens & Boursault ; la Critique de l’École des Femmes tous les censeurs ; les Facheux toute la Cour ; le Mercure a été joué par Boursault, ce qui lui fit faire un proces ; les Folies amoureuses de Regnard, le Rendez-vous de Baron, le Pédant de Bergerac, &c. […] ne joue-t-il pas tous les jours les pieces de Moliere & de ses contemporains ? […] un corrupteur des bonnes mœurs, qui ne connoît ni la bienséance ni l’honnêteté publique ; un cynique qui se joue de tout, des hommes, de la religion, de la vertu, Cui genus humanum ludere ludus erat. […] On vit par le public un Poëte avoué S’enrichir aux dépens du mérite joué, Et Socrate par lui dans un chœur de nuées, D’un vil amas de peuple attirer les huées. […] La France est un grand théatre où tout joue la comédie.