De là un nombre infini de danses, pour toutes les passions, l’amour, la tendresse, la colère, la fureur, la joie, la tristesse, le désespoir ; pour toutes les nations, Turcs, Chinois, Sauvages, Maures, Indiens ; pour tous les états, les sexes, les âges, les enfans, les vieillards, les femmes, Soldats, Matelots, Esclaves, Bergers. […] Ce n’est pas connoître la danse de la regarder seulement comme une suite réguliere des pas cadencés, qui amusent par leur légèreté, leur adresse, leur force, leur régularité, telle qu’elle est dans la grossiereté du peuple, ou la simplicité d’un enfant qui exprime la joie, ou dans un Maître qui apprend à danser ; ce n’est que la partie méchanique. […] Les termes de théatre sont une dérision de Moyse & de l’Ecriture ; le peuple dansa de joie après sa délivrance, Moyse composa un cantique sublime, qui est un chef-d’œuvre. […] La danse peint tout, le désespoir, la colère, les transports, la joie des amans. […] Le Poëme des Saisons s’exprime ainsi sur le bal : Entrez dans ce sallon ou de bruyans Prothées Echangent en riant leurs formes empruntées, Où la nuit le tumulte & les masques trompeurs Font naître à chaque instant d’agréables erreurs ; Là le maintien décent, la froide retenue, N’imposent point de gêne à la joie ingénue ; Là le luxe, les rangs, les âges confondus, Suivent, en se jouant, la Folie & Momus.