Vous pleurerez, vous vivrez dans la souffrance et dans la peine ; voilà le sort des prédestinés : Plorabitis et flebitis vos : mais le monde sera dans la joie, et rien de tous les plaisirs de la vie ne lui manquera ; voilà le partage des pécheurs : Mundus autem gaudebit. […] Aussi prenez garde à ce que le Sauveur des hommes ajoute pour la consolation de ses disciples : c’est, leur dit-il, qu’après avoir vécu dans les pleurs, votre tristesse se changera en joie, mais dans une joie solide, durable, éternelle ; leur donnant à entendre par une règle toute opposée, que les joies trompeuses du siècle n’aboutiront qu’à un souverain malheur : Sed tristitia vestra vertetur in gaudium. […] malheur à vous qui trouvez votre félicité sur la terre, et qui la faites consister dans les vaines joies de la terre ! […] L’Apôtre Saint Paul souhaitoit que les fideles fussent comblés de toute sorte de joie ; et le même souhait qu’il faisoit pour ses disciples, je le fais ici pour vous-mêmes : Je vous dis comme ce Docteur des nations, réjouissez-vous, mes Freres, et réjouissez-vous sans cesse : mais quelle doit être votre joie, cette joie intérieure et spirituelle dont Dieu remplit une ame qui le cherche en vérité, et qui ne cherche que lui, qui n’aspire que vers lui, qui ne veut se reposer qu’en lui, cette joie divine qui est au dessus de tous les sens, et que l’homme terrestre et charnel ne peut comprendre. […] Plus vous renoncerez aux divertissements humains, et plus cette joie céleste se répandra avec abondance dans vos cœurs ; elle les pénétrera, elle les inondera, elle les transportera.