Que doit-il résulter de ce scandale inouï pour les jeunes spectateurs, ou pour les enfants qui, d’instinct, d’après le mouvement de leur cœur, et d’après leur éducation, doivent regarder comme de droit naturel le devoir d’aimer leurs parents, et le précepte de les respecter comme indispensable, absolu et tel que leur propre intérêt et la honte d’y manquer devraient du moins empêcher des enfants d’aller jusqu’à outrager ainsi l’auteur de leurs jours ? […] C’est par de pareilles leçons de morale que des distinctions, imaginaires ou de convention, auxquelles la nature continue, malgré tout, d’avoir peu d’égards, et qui ne dirigeant pas dans leurs choix les jeunes cœurs sans ambition, deviennent plus tard, dans le temps, des préjugés, des prétextes à l’inconstance, des titres pour mépriser ses devoirs les plus sacrés. […] Il y a plus encore ; c’est qu’en voulant contribuer de cette manière au plus grand bonheur des jeunes femmes, l’auteur les a rendues infiniment plus malheureuses qu’elles ne l’étaient auparavant, et en augmentant beaucoup les désordres. […] Dès-lors ce ne furent plus les jeunes épouses qui trompèrent les vieux maris ; ceux-ci sont devenus les trompeurs ; oui, ces espiègles ont fait faux bond à leurs fidèles moitiés ; ils ont eu à leur tour des intrigues, des confidentes ; ils ont reçu des lettres secrètes, des poulets ou billets doux ; ils en ont écrit, ils ont donné des rendez-vous aux jeunes femmes qui avaient alors beaucoup d’attentions pour eux, qui les flattaient, qui leur souriaient agréablement en signe d’affection, ou du moins de reconnaissance. […] En se conduisant de la sorte, ils avaient des jeunes femmes, et riaient les derniers en dépit de cette satire, qui fut aussi malheureuse que les autres.