Tout son jeu consiste à faire aller et venir sa faux sur le pavé et l’approcher des pieds à tout le monde, qui, pour s’en débarrasser, donne quelque chose à son quêteur. » C’est la plus triste, la plus désagréable, de toutes les mascarades. […] Pierre, qui avait été dans l’impossibilité de les satisfaire de son temps, Moïse dont nous célébrons la fête le 4 septembre de chaque année, n’est-il pas odieusement représenté dans la mascarade du jeu du chat et du veau d’or, et dans celui du roi Hérode, par un autre portefaix ? […] Les habitants d’Aix tiennent singulièrement, dit-on, à l’institution de ces jeux, et à la mémoire de leur ancien souverain ; je suis loin de blâmer leur goût pour ces sortes de plaisirs, et encore moins la déférence qu’ils témoignent à la mémoire de ce prince ; mais je leur accorderais, dans le temps de carnaval, tous les jeux institués par le roi René, en retranchant les sujets religieux, et j’ordonnerais pour la solennité de la Fête-Dieu, une procession imposante et respectable qui nourrirait l’esprit et le feu sacré dans l’âme des fidèles, sans obscurcir leur vue par des sujets profanes et des masques hideux. […] On dit même qu’il se trouve certains diablotins entreprenants, qui poussent le jeu fort loin, et prennent des libertés capables d’alarmer la pudeur des jeunes vierges. […] De l’église on le conduisait par la ville avec des jeux et des bouffonneries indécentes, et en certaines provinces on poussait si loin cette farce, que les ecclésiastiques créaient tous les ans sur un théâtre dressé à la porte de l’église (un théâtre dressé a la porte de l’église !