Quel mal il y a de passer une partie du jour au jeu, presque toute la nuit au bal ; ne repaître ses yeux que d’objets lascifs et séduisants ; ne reconnaître d’autre Dieu que le plaisir, ni d’autre maître que la passion ; se confondre dans un tas de libertins, les sens sans retenue, le cœur sans garde, l’esprit sans modération ; être de toutes les parties de divertissements, éternellement avec tout ce qu’il y a de moins régulier et de plus dissolu dans une ville : car de quels autres sujets pendant le carnaval peuvent être composées ces assemblées si libres, et la plupart nocturnes ? […] L’esprit du monde, l’intempérance dans les repas, les excès dans le jeu, les assemblées de plaisirs, la comédie et les bals sont-ils moins condamnables en carnaval qu’en Carême ? […] Que penserait un Païen qui ayant été témoin pendant le carnaval de ces spectacles publics, de ces assemblées mondaines, de ces infinies séances au jeu, de ces repas dissolus, de ces nocturnes divertissements, de tout ce que le luxe le plus étudié et le plus poli inspire de mondanité ou de faste, entrerait dans nos Eglises deux jours après, et verrait aux pieds des Autels courber la tête sous la cendre, plusieurs de ceux qu’il aurait vu quelques heures devanta à la comédie ou au bal ? […] On aime le jeu, on se plaît au bal, tout ce qui vient troubler cette passion est regardé comme ennemi de notre repos.