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30. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54

Comme les passions seules fournissent les intrigues, les passions seules peuvent les bien rendre, et les voir jouer avec plaisir. […] Celle de l'intrigue a duré toute la pièce, et a eu tout le temps de se graver profondément. […] Ce n'est presque jamais celui de la comédie, le vice y est ordinairement couronné ; les intrigues de galanterie, les passions, les folies, les entreprises des jeunes gens, les fourberies des confidens et des valets, réussissent toujours, et aboutissent au mariage désiré, toujours projeté par les passions, et ordinairement ménagé par des voies criminelles. […] Il n'y a qu'une plaisanterie ou un divertissement qui puisse s'exécuter en un ou deux actes : toute intrigue, pour se former, se nouer, se dénouer, en exige au moins trois ; au-delà de cinq elle fatigue. […] intrigues, artifices pour le commettre, audace pour le soutenir, mauvaise morale pour l'excuser, discours licencieux, téméraires, impies, qui ont déjà produit leur mortel effet avant le remède tardif et devenu inutile par les préludes qui amènent la catastrophe.

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