Se voyant resserrée dans les bornes qu’on lui avait prescrites, elle eut recours à des intrigues et à des actions bourgeoises, qui représentaient les caractères, tels qu’on les voit dans la société, pour en montrer le ridicule et parvenir, par là, à les corriger. […] Les premiers Poètes dramatiques modernes prirent le Théâtre de Plaute et de Térence pour modèle ; et, parce que les Courtisanes, et surtout les Esclaves, n’étaient pas dans nos mœurs, et qu’ils s’imaginèrent peut-être que, sans les intrigues d’amour, le Théâtre serait insipide, comme j’ai dit autre part ;4 on chercha un exemple plus général de corruption dans les Latins, et malheureusement on le trouva. […] C’est sur ce pivot que tournent les intrigues de la Comédie, depuis cette première espèce de correction jusqu’à présent. […] Ordinairement un caractère, qui serait admirable pour instruire et pour corriger, est environné des épisodes d’un amour irrégulier, et enveloppé par les intrigues des Valets, qui absorbent le caractère pour faire briller à chaque instant la corruption. […] Si nos modernes ont introduit le mauvais exemple, et souvent même le scandale jusque dans la Comédie de caractère, qui est la plus instructive et la plus propre à la correction des mœurs, il faut convenir qu’il est absolument nécessaire de réformer le fond de notre Comédie, soit d’intrigue, soit de caractère.