/ 339
75. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — QUATRIEME PARTIE. — Tragédies à corriger. » pp. 180-233

Je ne puis soutenir, par exemple, que Néron se cache pour entendre la conversation de son rival : il n’y a rien de plus trivial, ni de moins convenable à un grand sujet ; je le répète encore, tout ce que Junie fait et tout ce qu’elle dit, pourrait être dit et fait par les Acteurs intéressés dans l’action : Britannicus en ferait confidence à Narcisse, et celui-ci le rapporterait à Néron ; ainsi la Pièce ne perdrait rien du côté de l’intérêt. […] En effet, le personnage de Créon, à la place de Philoctète, donne à la Tragédie d’Œdipe un grand relief, et du côté de l’intérêt, et du côté du caractère d’Œdipe. […] En examinant toutes les Scènes d’amour de cette Tragédie, on verra qu’il n’y a que Viriate qui ne démente pas ce que le Poète a promis : on ne peut presque pas dire qu’elle aime ; elle ne veut qu’un mari ; elle le veut tel que sa politique et l’intérêt de son ambition le demandent. […] Créon peut-être déterminé par des vues d’intérêt et de politique à s’attacher Jason, en lui faisant épouser sa fille, ce qui l’oblige à répudier Médée ; mais, dans tous les temps et dans tous les pays, le spectacle d’une fille qui se détermine à épouser un homme marié, et cela plutôt par passion, que par devoir, ne peut être que d’un très mauvais exemple, et doit révolter les Spectateurs.

/ 339