Enfin si on n’eût consulté que l’intérêt des mœurs, il fallait supprimer, brûler cette tragédie, non pas y chercher des défauts de composition ; mais on la voulait livrer au ridicule, non aux flammes, et faire triompher, non la religion, mais les ouvrages d’un rival sur les productions de Corneille. […] Mais quel si grand intérêt peut prendre un homme si élevé au sort d’une fable ? […] Corneille avait trop forte partie pour espérer de gagner le procès, sa gloire ne pouvait qu’y perdre ; sa pièce n’était pas sans défauts, ses lauriers n’étaient pas à l’abri d’une critique raisonnable ; il était de son intérêt de ne pas s’exposer au risque de les voir flétrir. […] Ces intérêts personnels ont cessé, quoique les Cours soient toujours le théâtre de l’intrigue : l’agitation y est aujourd’hui moins violente et moins générale, la comédie ne suspendrait aucune des sourdes manœuvres qui en font mouvoir les ressorts. Mais il ne sera jamais de l’intérêt de l’Etat de rendre les Ministres des Autels vicieux et méprisables, ni d’amuser et de dissiper les Ministres du Prince par la corruption et la frivolité du théâtre.