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91. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

On ménage mieux une santé délicate, un tempéramment foible, un petit corps qui n’est pas encore formé, on ne l’expose pas au grand air, on ne le surcharge pas d’un poids accablant, on ne lui sert pas des alimens nuisibles ; l’ame, plus délicate & plus foible, peu instruite, peu formée, sera-t-elle abandonnée sans ménagement au plus grand danger, le sera-t-elle par ceux même qui sont chargés de la conserver & de la former à la vertu ? […] Faut-il donc le mener au théatre comme dans un creuser, pour le mieux dissequer & l’instruire ? […] Cette lecture, cette étude est une espece d’affiche, ou l’on annonce la piece qui doit se jouer, où l’on instruit le public, & lui promet des merveilles, & on ne peut pas mieux s’y prendre pour les engager à y venir, on ne peut mieux juger des pieces qu’en les voyant représenter. […] Le Bailli est amoureux de la fille, lui fait des déclarations, la menace, verbalise contre elle, instruit les autres Juges, lui fait perdre la rose, la fait insulter, & arracher le drapeau & la guirlande qui étoient sur sa porte (avant le jugement des vieillards), ce qui est absolument contre l’ordre & la vrai-semblance, puisque son sort n’est pas décidé, les marques du triomphe sont prématurées.

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