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90. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VII. Histoire des Cas de Conscience. » pp. 159-189

Les Saints Peres la regardent comme un reste du Paganisme & une école d’impureté ; l’Eglise l’a toujours en abomination, a excommunié ceux qui exercent & ceux qui créerent ce métier scandaleux & infame, les prive des Sacremens & de la sépulture, & n’oublie rien pour en inspirer de l’horreur. […] Moliere & la Fontaine sont les sages directeurs qui réglent & qui tranquilisent la conscience délicate des acteurs & des actrices, & Racine qui, quoiqu’exempt de toute grossiéreté, ne respire & n’inspire que la passion la plus vive, la plus rafinée, & la plus dangéreuse : Il faut que le théatre donne autant d’effronterie qu’il répand d’aveuglement. 4°.  […] On peut voir le détail de sa conversion, ses regrets, sa pénitence, ses soins pour supprimer ses tragédies, pour en inspirer l’horreur à ses enfans. […] Une image de péché qui s’étale, une passion qui se réalise, qui s’anime, se répand, se glisse dans les cœurs ; la brutalité qui vomit des infamies, l’impudence qui fait trophée des excès, sont peu à craindre, le dégoût, le mépris, l’horreur qu’elle inspire en sont le contrepoison ; mais la finesse qui les voile en est le sel. […] C’étoient donc & les objets les plus indécens, & les hommes les plus corrompus qui servoient au démon, à deux fins, à inspirer à nourrir l’idolâtrie, & le vice.

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