N’est-on pas donc obligé de regarder au moins la comedie, comme un divertissement dangereux, puis qu’ils ont parlé de cette sorte de spectacle, comme d’une chose, capable de corrompre les mœurs les plus innocentes ? […] Il suffiroit de dire, que, suivant simplement les pensées de ces grands hommes, le divertissement de la comedie n’est pas tout-à-fait innocent ; néanmoins, sans faire le Casuire, pour conclure, si la comedie prise en elle-même est peché, je maintiens, qu’on n’y peut gueres aller sans pecher, & je n’ay pour cét effet à alleguer, que des raisons plausibles, conformes au bon sens, & convaincantes. […] Et puis, Madame, vous penserez aprés cela, que le theatre peut-être bien innocent ? […] Il me semble, qu’il ne vous reste plus rien à m’objecter sur cette matiere, si ce n’est qu’aujourd’huy, le Theatre est plus innocent, qu’il ne fût jamais, & que les pieces, qu’on y jouë, n’ont rien de cette indecence, qu’elles avoient autrefois. […] Mais aujourd’huy, soûs ce pretexte trompeur, que le Theatre n’a plus rien, qui blesse ouvertement l’honnêteté, bien des ames innocentes y sont attirées, comme les autres, ne pensant qu’à se donner simplement le divertissement d’un spectacle, que l’on dit être maintenant innocent.