Je ne crois pas, ma charmante amie, que la force du préjugé vous empêche de comprendre, qu’il n’y aura plus d’infamie attachée à cet état ; Que ce sera le premier des beaux Arts, exercé par des gens libres ; Que le Théâtre deviendra par ce moyen une école de vertu ; Qu’il cessera tout-à-fait d’être dangereux ; Que les passions même que la beauté des Actrices pourra faire naître, n’auront jamais de suite, ou n’en auront que d’heureuses, si elles inspirent de l’amour à leur égal ; que dans le cas contraire, une Actrice paraissant rarement sur le Théâtre, & tous les jours y étant remplacée par d’autres qui la valent, l’impression passagère de ses charmes, sera le lendemain effacée par celle que fera quelqu’une de ses Compagnes ; Que jamais les règles de la plus sévère décence ne seront éludées ; Que des Exercices enfin, que feront en public les Jeunes-gens des deux sexes, en présence de leurs parens & de leurs Concitoyens, où tous pourront prendre part, ne seront jamais, ni deshonorans, ni, bas, ni dangereux ; mais plutôt tout le contraire, & un salutaire encouragement, pour la Jeunesse, à se rendre digne de l’estime & des applaudissemens du Public ; les louanges qu’ils recevront, étant d’autant plus flateuses, qu’elles seront le prix de l’exactitude à remplir tous ses devoirs, aussi bien que des talens* Voyez-vous-là quelque chose qui soit indigne de notre jeune Noblesse ? […] (En trois mots : l’infamie suit le Théâtre.)