Le nom d’Acteur, honoré par les Grecs, presqu’à l’égal de celui d’Orateur, comme designant un homme qui possédait un talent honnête, utile, fut donc méprisé des Romains ; ils regardèrent l’Histrionisme, comme un métier infâme, & n’oublièrent rien pour l’avilir1. […] Parmi les Exercices de la Jeunesse, un des plus utiles, est sans contredit la Danse [M] [M] : il forme le corps, donne de la souplesse aux membres, augmente l’adresse, fait acquérir des grâces : on devrait, dans toutes nos Maisons publiques d’éducation, revenir du préjugé qui fait croire que la Religion condamne cet Exercice nécessaire ; une foule de Roquets déclament contre lui, avant d’avoir examiné ce que prohibe la Religion : qu’ils l’apprennent d’une femme : Les Grecs & les Romains, dans les temps de corruption, inventèrent des Pyrrhiques obscènes, qu’on dansait en chantant des paroles lascives* : on donna quelquefois de ces Danses sur les Théâtres, & dans presque toutes les maisons, on recevait des Mimes, qui les exécutaient, en jouant des Pièces infâmes : est-il étonnant, que la Religion Chrétienne qui commençait alors à réformer l’univers, se soit élevée contre ces sources de corruption, & qu’elle ait proscrit, sous le nom général de Danses, des amusemens que le Gouvernement civil n’aurait pas dû tolérer ?