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18. (1707) Réflexions chrétiennes « Réfléxions chrétiennes, sur divers sujets. Où il est Traité. I. De la Sécurité. II. Du bien et du mal qu’il y a dans l’empressement avec lequel on recherche les Consolations. III. De l’usage que nous devons faire de notre temps. IV. Du bon et mauvais usage des Conversations. Par JEAN LA PLACETTE, Pasteur de l’Eglise de Copenhague. A AMSTERDAM, Chez PIERRE BRUNEL, Marchand. Libraire sur le Dam, à la Bible d’Or. M DCCVII — Chapitre XII. Du temps que l’on perd à la Comedie, et aux autres spectacles de même nature. » pp. 269-279

Tout le Christianisme nous oblige à nous élever au dessus de ces facultés grossieres, et à nous conduire, non par leurs impressions, mais par la plus pure lumiere de la verité, qui n’est nulle part si vive que dans la parole de Dieu. Par consequent fortifier l’attache que nous avons pour ces facultés, et pour leurs objets, augmenter l’impression qu’ils font sur nôtre ame, c’est aller directement contre le but du Christianisme, c’est travailler à affermir ce que cette sainte Religion a entrepris de détruire et d’anéantir. […] Comme on y rassemble tout ce qui peut flatter le plus vivement, et le plus agreablement les sens, et que d’ailleurs on s’abandonne avec plaisir à cette impression, il n’y a point de doute que ce ne soit ici l’une des plus seures, et par consequent des plus pernicieuses inventions de l’esprit malin, pour nous rendre encore plus sensuels, et plus éloignés de l’esprit du Christianisme, que nous ne sommes naturellement. […] J’avoue que cette lecture n’emporte pas autant de temps, et ne fait pas une impression aussi vive et aussi profonde que la representation ; Mais on ne peut nier qu’elle ne fasse quelque chose d’assés approchant, et l’on sait d’ailleurs que le mal est toûjours mal, et merite toûjours d’être évité, en quelque quantité qu’il paroisse.

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