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80. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

Ne vous imaginez pas, dit-ilPage 18. […] Afin qu’il n’y manque rien le Théologien s’imagine que son sentiment est le même que celui d’Albert le Grand ne pouvant comprendre, que ce Docteur loue des actions indifférentes en elles-mêmes, produites par un bon principe, et rapportées à une bonne fin : des actions que la reconnaissance envers Dieu produit : au lieu que la Comédie ( j’entends toujours celle qui est reçue parmi nous) n’est point indifférente, n’a pour principe que la corruption du cœur humain, n’a pour fin que d’exciter des passions toujours injustes ; ou quelque fin qu’on lui donne ne produit jamais que des fruits de malédiction, comme je l’ai déjà fait voir. […] De manière que d’une part sentant le désir de la perfection : d’autant que ce désir est lié avec si peu de raison qu’il nous reste ; et de l’autre ne découvrant point le chemin pour y arriver, on a pris le parti de s’observer et de se critiquer les uns les autres ; et non seulement on a su se réjouir par cette voie, mais encore chacun a su tirer de là comme un témoignage de son excellence, parce qu’il ne se peut que celui qui critique ne s’imagine être plus parfait que celui qui est critiqué. […] Et il s’ensuit de là, ce me semble, qu’un certain Auteur qui s’est imaginé « qu’il faudrait ou fermer le Théâtre, ou prononcer moins sévèrement sur l’état des Comédiens », n’a pas trop bien rencontré.

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