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311. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Il n’est point de voile qu’on n’aie imaginé pour en couvrir l’indécence. […] On s’imagine qu’en fréquentant les Spectacles, on se polira, & que l’on apprendra les belles manieres & les grands sentimens : mais y réussit-on ? […] C’est une peinture si naturelle & si délicate des passions, qu’elle les anime & les fait naître dans notre cœur, & sur-tout celle de l’amour, principalement lorsqu’on se représente qu’il est chaste & fort honnête ; car plus il paroît innocent aux ames innocentes, & plus elles sont capables d’en être touchées : on se fait en même temps une conscience fondée sur l’honnêteté de ces sentimens ; & on s’imagine que ce n’est pas blesser la pureté, que d’aimer d’un amour si sage. […] Or sied-il bien à des personnes vertueuses d’aller se confondre avec ces gens oisifs & corrompus, à qui il n’est pas bon de laisser le choix de leurs amusemens, de peur qu’ils ne les imaginent conformes à leurs inclinations vicieuses, & ne deviennent aussi malfaisans dans leurs plaisirs que dans leurs affaires ?  […] Ce ne peut être que dans de pareils accès que vous avez imaginé la réponse que vous avez faite pour moi à M.

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