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213. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Seconde lettre contre les spectacles. » pp. 60-145

Ils se sont apparemment imaginés, que par respect pour cet oracle, personne n’auroit osé en examiner la prétendue vérité ; ou (ce qui est plus vrai-semblable), ils ont cru, que plusieurs aimeroient mieux les croire, que se donner la peine d’entrer en discussion. […] Imaginez vous, Madame, que Mademoiselle, dont nous parlions, il n’y a qu’un moment, avoit été trouver son Confesseur, & s’étoit accusée d’avoir été plusieurs fois chez des personnes, dont Madame sa mere lui avoit interdit la compagnie. […] Une personne réellement pieuse, ne s’accommode point de mille frivolités, & d’une vie, dont la principale occupation est de n’en avoir aucune, & dont la plus grande inquiétude est d’imaginer, à quoi on pourra tuer le tems ; passez moi le terme ; mais touchée de ses infidélités passées, elle profite avec empressement, de tous les instans présens, pour racheter ceux qu’elle a malheureusement perdus, ou criminellement employés : redimentes tempus, quoniam dies mali sunt. […] En parlant de ces gens de probité, qui communient souvent, & qui cependant vont aux spectacles … « Que je crains, dit-il, que leur probité ne soit celle des sages du monde, qui ne savent s’ils sont Chrétiens ou non, & qui s’imaginent avoir rempli tous les devoirs de la vertu, lorsqu’ils vivent en gens d’honneur, sans tromper personne, pendant qu’ils se trompent eux-mêmes, en donnant tout à leurs plaisirs ! 

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